Deux années de télétravail, qu'est-ce que ça change?
Éviter le trafic, oui, mais à quel prix?
Ça faisait un bout que je n’avais pas publié! Cela s’explique par un mélange de « laissez-moi tranquille 5 minutes » et de « dos margaritas por favor ». Me revoici donc avec une réflexion sur mon retour au travail en « présentiel ». Merci aux nouvelles personnes abonnées à mon infolettre. Faites comme elles et abonnez-vous! Il s’agit d’une des rares choses qui ne subira pas d’inflation en 2022!
Bonne lecture!
Que faisiez-vous le 13 mars 2020? Moi, je ramassais mes affaires pour deux semaines de télétravail forcé. J’étais pas mal excité. Disons qu’avant cette date, il fallait que j’aille une maudite bonne raison pour exercer mes fonctions dans le confort de ma table à dîner. Je devais, à 48 h d’avis, demander l’autorisation suprême en indiquant bien comment j’allais occuper toutes ces sept longues heures de travail hors du contrôle de mes gestionnaires. Vous comprenez mon excitation? J’étais li-bre!
Deux ans de télétravail plus tard, qu’est-ce que ça change? C’est la question que je me suis posé au moment où j’ai repris le boulot, sur un base volontaire, en présentiel. Voici mes constats :
J’ai pris de très mauvaises habitudes
8 h 20, à la douche. 8 h 27, le pantalon. 8 h 31, devant mon écran, les cheveux mouillés. Ma nouvelle devise : « Pourquoi courir après le bus à - 30 °C quand on peut prendre un deuxième café en pyjama? »
Je suis mieux équipé à la maison qu’au bureau
Il ne manque que l’allée de bowling et une table de pool, et on se croirait chez Google! Je rêvais d’un bureau assis-debout depuis que j’ai lu que ça rendait plus productif et plus créatif. Aujourd’hui, je tape 50 mots/min et je dessine des licornes dans mes rapports.
J’ai mis fin à la tyrannie de la boîte à lunch
Avant le Grand dérangement, quand tout le monde allait dîner, je faisais comme Fred Cailloux. Quand la sirène de la carrière sifflait, je quittais mon ordinosaure pour manger mon sandwich. Mais est-ce que j’avais vraiment faim? À la maison, point de sirène donc point d’appétit. Un vrai chien de Pavlov! Ça me laisse du temps pour prendre une grande marche ou magasiner des cossins sur Amazon. Je ne suis pas plus mince et je mangerais un steak de brontosaure à 5 heure moins quart!
Je suis plus efficace à la maison
Arrivée au bureau : 8 h 35. Discussion autour de la machine à café : 8 h 40. Démarrage de l’ordinateur : 9 h 15. Assurément, je suis plus efficace les cheveux mouillés. Cependant, ces discussions de corridor, tous ces « Hey, en passant! » et autres « Que penses-tu de? » peuvent être tellement riches, voire essentiels. Ça permet le co-développement et je développe mes compétences relationnelles.
Je suis plus social que je ne le pensais
Attendre patiemment pour me faire couler un ristretto indien tout en échangeant avec des collègues, ça n’arrive pas dans les condos d’Hochelaga-Maisonneuve. Échanger, challenger, compléter, confronter, aider et collaborer sont des verbes qui se conjuguent mieux à la deuxième personne du pluriel. Moi qui pourrais passer un an, seul dans un bunker ukrainien, je réalise que de côtoyer physiquement des collègues a grandement contribué à l’homme que je suis aujourd’hui.
Je pensais avoir tout vu dans le monde de la formation
Après avoir passé deux ans à aider des collègues d'expérience à donner de la formation sur Teams, voilà qu’un p’tit nouveau, arrivé en plein pandémie, me demande comment faire de la formation « en présentiel ». En temps normal, j’aurais pensé que c’est une blague, mais non. Certains ont commencé leur carrière de formateur à distance.
Ce Grand chambardement aura modifié le monde du travail à jamais. On commence à peine à en constater les effets. J’avoue que je fais partie des privilégiés. Je suis de retour au bureau, en garde partagée. Et j’aime ça. Pas pour l’ambiance (il y en plus aux funérailles d’un meurtrier pédophile), ni pour le café gratis. Mais bien parce que j’ai de bons collègues avec qui je tisse des liens qui vont au-delà de la simple relation de travail. Après avoir expérimenté le télétravail à temps plein pendant plus de deux ans, je suis très perplexe sur l'avenir des milieux de travail comme milieux de vie. On oublie que de bonnes amitiés, de grandes histoires d’amour et même des enfants sont nés autour de la machine à café ou lors d’un 5 à 7. Éviter le trafic, oui, mais à quel prix?
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